ACCUEIL - COLEOPTERES - LEPIDOPTERES - AUTRES -VIDEOS - HISTORIETTES - NEWS - LIENS - WANTED ! - MAILS d'OR -
 
 
LE BOMBYX DISPARATE (Lymantria dispar) !
(Lépidoptère Lymantriidae)
 
(page 3 sur 3)
 
 
- pour quitter les agrandissements faire "page précédente" dans votre navigateur -
 
 
la chenille !
 
Son éclosion succédant au débourrage des feuilles, elle va très vite "passer à table". Au départ elle se contente (si je puis dire!), de la partie superficielle des feuilles, du moins quand ces dernières sont dures, mais dès le second stade larvaire le végétal est attaqué sur toute son épaisseur. Le développement est rapide, de l'ordre de 2 mois, et à terme les chenilles atteignent une taille conséquente, et c'est encore plus vrai pour les futures femelles.
 
chenilles naissantes (sur ponte !) chenilles naissantes (sur ponte !) chenille naissance de Bombyx disparate Bombyx disparate (Lymantria dispar), jeunes chenilles attablées ! très jeunes chenilles "attablées"
de gauche à droite: 1 & 2)- chenilles naissantes sur la ponte;
3)- chenille naissante isolée; 4 & 5)-très jeunes chenilles "attablées".
 
La chenille du disparate est parfois qualifiée de "chenille à oreilles", et au vu de l'image ci-dessous à droite on comprend pourquoi ! Les jeunes chenilles, portent typiquement 2 taches "étoilées" jaunâtres (ci-dessous), plus ou moins nettes, l'une à l'avant, et l' autre à l'arrière.
 
Bombyx disparate (Lymantria dispar), mise en évidence, sur 2e stade larvaire, des "oreilles" et de l'étoile postérieure.
Chenille de Lymantria dispar au 2e stade larvaire
à droite: remarquer les "oreilles", et l' "étoile" postérieure particulièrement nette et bien "dessinée"
 
 
Outre sa voracité, la chenille de L. dispar se caractérise par sa vélocité, et son côté "vadrouilleur". Le soir venu il est par exemple aisé de la voir arpenter les troncs des arbres qu'elle colonise, les allers et venues se faisant au gré de fils conducteurs qui finissent par plus ou moins "tapisser" l'écorce, quand la population est suffisamment nombreuse.
 
La pilosité des chenilles est à la fois dense et très raide, mais non urticante. La manipulation ne pose pas de problème, mais le contact très "rêche" fait qu'on peut parfois ressentir de très ponctuelles sensations de "piqûres", notamment avec les grosses chenilles, d'autant qu'elles sont vigoureuses, se débattent volontiers, et se cramponnent de surcroît fortement. La coloration générale peut sensiblement varier, mais de très typiques "verrues" sont constantes et caractéristiques de l'espèce. Présentes sur tous les segments, elles sont bleuâtres sur les premiers, et rouges à compter de celui portant la première paire de "fausses pattes", c'est-à-dire de ventouses.
 
Bombyx disparate (Lymantria dispar),  chenilles âgées en main, photo 1. Bombyx disparate (Lymantria dispar),  chenilles âgées en main, photo 2. Bombyx disparate (Lymantria dispar),  chenilles   diversement colorées.
 
Illustration de la taille, de la pilosité, et de la coloration générale des chenilles de Lymantria dispar.
Celles en main correspondent à la taille maxi, et à la coloration la plus typique et courante.
D'autres "tirent" sur le roux, comme ci-dessus à droite, ou sur le jaunâtre comme ci-dessous à droite.
Bombyx disparate (Lymantria dispar),  chenille âgée, avec  allumette / échelle.Bombyx disparate (Lymantria dispar),  chenille âgée à dominante jaune.
 
 
 Bombyx disparate (Lymantria  dispar), groupe de chenilles à terme. Bombyx disparate (Lymantria dispar),  chenille âgée, photo 1. Bombyx disparate (Lymantria dispar),  chenille âgée, photo 2 Bombyx disparate (Lymantria dispar),  chenille âgée, photo 3.
 Autres exemples de chenilles du Bombyx disparate.
La bestiole n'est pas urticante, mais en cas de manipulation maladroite, ou un peu "hard",
la raideur des soies peut provoquer de très brèves et ponctuelles sensations de "piqûres".
vue d'ensemble d'une chenille à terme Bombyx disparate (Lymantria  dispar),  chenille âgée
 
 
Bombyx disparate (Lymantria  dispar), tête en gros plan, photo 1. Bombyx disparate (Lymantria  dispar), tête en gros plan, photo 2
Sauf à être entomologiste, toutes les chenilles sont par principe "affreuses",
mais au vu de ces "portraits" de notre futur Bombyx, convenez que "curieuses" conviendrait mieux !
 
la chrysalide !
 
Arrivée à maturité la chenille du "disparate" entre en pré-nymphose et recherche un endroit à sa convenance pour y coconner. Peu exigeante elle se contente volontiers d'une anfractuosité de l'écorce, d'une jonction de branche, d'une écorce déhiscente, voire de quelques feuilles sommairement réunies. Elle s'entoure ensuite d' une sorte de "résille" ou "filet de sécurité", extrêmement rudimentaire, tout en s'amarrant au support via les griffes du crémaster dispositif "fait pour" situé à la toute extrémité de l'abdomen.
 
Bombyx disparate (Lymantria dispar), chenilles en pré-nymphose. .................. Bombyx disparate (Lymantria dispar), chrysalides sous une écorce
à gauche: position typique "en crosse" stade ultime de la pré-nymphose;
à droite: groupe de chrysalides "in situ" sous écorce, et chrysalide dans le feuillage. Vous remarquerez le caractère très symbolique des "cocons"
.

Bombyx disparate (Lymantria dispar), chrysalides Bombyx disparate (Lymantria dispar), chrysalides, avec échelle allumette Bombyx disparate (Lymantria dispar), chrysalides en main. ....................Bombyx disparate (Lymantria dispar), crémaster, photo 1. Bombyx disparate (Lymantria dispar), crémaster, détail.

 à gauche: lot de chrysalides. La taille des papillons mâles et femelles étant très différente, les chrysalides le sont pareillement. Les chrysalides mâles sont donc beaucoup plus petites que les femelles ... ou inversement si vous préférez ! à droite: détail du crémaster, organe griffu permettant d'amarrer la chrysalide au support (ou au cocon s'il y a), et d'ainsi faciliter la sortie du papillon lors de l'éclosion.
 
La nuisibilité !
 
Elle est effective quand il y a véritablement pullulation, et en surfaces cumulées (comme les bouchons autoroutiers !) la défoliation peut toucher des milliers d'hectares, voir des dizaines de milliers dans les cas extrêmes. Le problème est que cette espèce est en quelque sorte "imprévisible", du fait de l'absence de véritables "cycles", mais aussi en raison de la dynamique de ses parasites ou prédateurs, sans parler des conditions climatiques du lieu ou du moment. Il s'ensuit que Lymantria dispar peut pulluler dans une région donnée, puis s'y faire oublier des années durant, et entre temps apparaître en masse là où on ne l'attend pas vraiment. A titre d'exemple j'ai vu des années où la bête abondait sur les chênes têtards délimitant mon terrain, et cette année encore il m'a été impossible d'en trouver une seule, les bestioles figurant sur cette page ayant été récoltées fort loin de mes pénates !
 
Concernant la défoliation, la Nature a tôt fait de réparer le mal, et en l'espace d'une paire de mois les bourgeons dormants se sont en quelque sorte réveillés, donnant naissance à un nouveau feuillage. Cette repousse "tirant" évidemment sur l'arbre, sa croissance et le cas échéant sa fructification s'en trouvent souvent compromises. Bien entendu si cette défoliation se répète, ou si elle affecte des arbres âgés ou affaiblis, ou encore si un évènement climatique se surajoute (sécheresse par exemple) les arbres peuvent rapidement dépérir, et même périr tout court.
 
 
Prévention et traitement !
 
Compte tenu du caractère quelque peu aléatoire des invasions, les éventuelles populations de Lymantria dispar font l'objet de surveillances de la part d'Organismes tels que l'O.N.F. (Office National des Forêts), ou l'I.N.R.A (Institut National de la Recherche Agronomique), mais surtout de la part du D.S.F. (Département de la Santé des Forêts). Ce dernier Organisme traite en effet de la détection et du diagnostic des problèmes phytosanitaires des forêts, et pour ce faire il dispose d'un réseau conséquent d'agents relevant des Services Publics, ou du privé, qui ont en charge des centaines de sites d'observation, en quelque sorte "types", c'est-à-dire faisant référence. Des seuils, basés par exemple sur le relevé des pontes (estimations à l'hectare), permettent d'apprécier le niveau d'infestation, et le cas échéant de définir l'opportunité ou non d'une intervention.
 
Comme pour les autres espèces défoliatrices (Cul-brun et Processionnaires, voir pages entomo.), le microbiologique prévaut en principe sur le chimique pur et dur, et l'agent le plus souvent utilisé est le classique Bacillus thuringiensis, épandu par voie aérienne (hélicoptère, ou petit avion spécialement équipé). Il s'agit d'une bactérie entomopathogène, considérée comme sélective, car ne s'attaquant en principe qu'aux chenilles. Reste que toutes les espèces de chenilles en pâtissent, y compris les non nuisibles, ce qui ajoute évidemment à l'appauvrissement de notre entomofaune lépidoptérologique.
 
 
Ennemis naturels !
 
Ils sont nombreux, mais eux aussi trop souvent victimes des "pesticides", d'où une moindre efficience. En règle générale il s'agit d'insectes parasites (Hyménoptères et Diptères), et sans entrer dans le détail des espèces concernées, sachez que les oeufs, les chenilles, et les chrysalides, sont susceptibles d'être parasités, au gré de "prédateurs" généralement spécialisés.
 
un exemple ..... Bombyx disparate (Lymantria dispar), chrysalides. ..............Bombyx disparate (Lymantria dispar),  larve et pupes de mouches parasites (tachinaires). Bombyx disparate (Lymantria dispar),  larve et pupes de mouches parasites (tachinaires). photo 2. ....exemplaire !
à gauche: chrysalides de "Bombyx disparates";
à droite: asticots et "pupes" de mouches parasites ( probablement des "tachinaires" )
Sur ces 6 chrysalides 4 étaient parasitées par des mouches dites Tachinaires (Famille des Tachinidae). Concrètement la mouche pond dans la chenille, et comme tout parasite l'asticot se développe aux dépens de son hôte... mais sans léser les organes vitaux ! De ce fait la chenille peut se développer normalement, et se chrysalider de même, mais à la place du papillon il sortira un asticot ....CQFD !
 
 
et un autre exemple ... Bombyx disparate (Lymantria dispar),  chenille parasitée par des Braconidae. Braconidé (Cotesia sp.) parasite du Bombyx disparate (Lymantria dispar), photo 1. Braconidé (Cotesia sp.) parasite du Bombyx disparate (Lymantria dispar), photo 2 ... non moins exemplaire !
 Chenille parasitée par un Hyménoptère Braconidae (Cotesia sp. ).
Arrivées à terme les larves de ce parasite perforent le tégument de la chenille (laissée pour morte), et coconnent dans la foulée.
Un autre Braconidae (Apanteles glomeratus), très comparable et très commun, se reconnaît à ses cocons jaune soufre.
 
 

Toujours au titre des insectes, les Calosomes, et leurs larves, contribuent à l'élimination des chenilles, ces dernières étant leur proie de prédilection. Ils ont en effet la mandibule facile, et ils étripent volontiers plus qu'ils ne peuvent consommer, ce qui ajoute à leur efficience. Ces Coléoptères Carabidae volent en outre aisément, et se déplacent "à pattes" sur les troncs et branches avec une grande vélocité.

 
Calosoma sycophanta (25-30 mm) Calosoma sycophanta Calosoma inquisitor Calosoma inquisitor (20 mm)
 
Les Calosoma sycophanta, et inquisitor (ci-dessus) sont particulièrement efficaces, mais ces espèces sont très inégalement répandues, et pâtissent elles aussi de la dégradation de notre environnement. A signaler que le C. inquisitor est plus nettement forestier, et que sa livrée est relativement variable, sans pour autant donner dans le spectaculaire (lustre bronzé, cuivré, violacé, verdâtre). 
 
Bien entendu il est d'autres prédateurs, qu'il s'agisse des oiseaux insectivores (mésanges, rouge-gorge, etc...), des chauves- souris, ou encore des araignées. Pour avoir vu les uns et les autres à l'oeuvre, je puis dire qu'ils ne rechignent pas à la tâche, du moins dans les limites de leur "estomac" (voir l'historiette intitulée les "pique assiettes", dans les "divers").
 
 
En guise de conclusion ....
 
Là où il des millions de chenilles sont nécessaires pour anéantir une forêt ... un seul mégot mal éteint suffit !
Amis fumeurs qui visitez ces pages, merci à vous de ne jamais l'oublier !
 
 
FIN
 
les pages entomologiques d' andré lequet : http://www.insectes-net.fr