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Le GÂTE - BOIS (Cossus cossus) !
(Lépidoptère Cossidae)
 
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Aperçu du développement larvaire
 
Dans un premier temps la chenille évolue sous l'écorce, puis elle pénètre au cœur du bois pour s'y développer durant au moins 2 ans. À terme elle confectionne un cocon, constitué comme vous le verrez de soie et de particules de bois agglomérées. Elle s'y transformera en chrysalide, puis bien sûr en papillon, et le cycle pourra alors recommencer.
 
Vous noterez l'originalité de la nymphose chez la chenille de Cossus, puisque qu'au gré de son humeur (ou de facteurs restant à déterminer!) deux formules sont possibles. La bestiole peut en effet "coconner sur le tas", ou opter pour l'abandon de l'arbre nourricier, avec simple enterrage au terme d'un cheminement à découvert plus ou moins long, mais toujours rondement mené ... et risqué !
 
chenille naissante de Cossus gâte-bois (photo 1) chenilles naissantes de Cossus gâte-bois (photo 1)
les oeufs du Cossus étant petits, les chenilles naissantes sont bien sûr à l'avenant !
Elles sont de surcroît très remuantes, et du genre "vadrouilleuses", ce qui favorise censément la recherche d'un point de pénétration favorable!
 
 
chenille de Cossus à 1 mois (photo 1) chenilles de Cossus à 1 mois (photo 2)  chenilles de Cossus à 3 mois (photo 1) chenilles de Cossus à 3 mois (photo 2) chenilles de Cossus à 3 mois (photo 3)
de gauche à droite: 1 & 2)- 1 mois après la naissance; 3 à 5)- 3 mois après la naissance.   
 Vous noterez que l'élevage de cette chenille xylophage est aisé .... sur pomme et pain dur.
Vous noterez également que la croissance est nettement moins rapide "in natura". 
 
Chenille atypique ... mais mue classique !
 
Toutes les larves d'insectes croissent par mues successives, et la chenille de notre Cossus n'échappe pas à la règle. Vous noterez que cette règle concerne en fait tous les "Arthropodes", c'est à dire tous les animaux à pattes articulées, tels les Crustacés, les Arachnides, les Myriapodes ... et bien sûr les insectes du cas présent. Toutes les parties chitinisées muent, y compris les trachées internes, mais le processus est nettement plus "parlant" au niveau de la tête, partie fortement chitinisée.
 
Sur la chenille venant de muer, comme ci-dessous, la tête est blanche et molle, avec les mandibules rembrunies, mais non encore fonctionnelles. Il suffira de quelques jours pour que la chitine se colore, et durcisse, ce qui permettra à la bestiole de "croquer la pomme" ( du moins en élevage ! )... en attendant la prochaine mue ! Vous noterez que les chenilles "classiques" ont généralement 5 mues (parfois 6 pour les futures femelles), mais j'avoue ignorer si le Cossus est conforme ou diffère.
 
chenille de Cossus venant de muer Chenille de cossus venant de muer, détail de la tête en vue dorsale. Chenille de cossus venant de muer, détail de la tête en vue ventrale. mue d'une jeune chenille de Cossus
de gauche à droite: 1)-jchenille de Cossus venant de muer; 2)- détail de la tête en vue dorsale; 3)- détail de la tête en vue ventrale; 4)- autre exemple de mue, cette fois sur très jeune chenille. Vous noterez que les mues larvaires se font à l'abri de cocons plus ou moins soyeux et rudimentaires, du moins en regard du "coconnage" final.
 
 
Cocons & chrysalides
 
A l'approche de la mauvaise saison la chenille du Cossus se confectionne un cocon à base de soie et de particules de bois agglomérées. Ce cocon, dit de diapause, est très comparable au définitif, mais sensiblement moins dense et épais, d'où une certaine souplesse. Le cocon définitif est élaboré en Mai-juin, et il est là aussi à base de bois et de soie.
 
La chenille peut le construire là où elle s'est développée, et donc au sein de l'arbre nourricier, avec préférence pour les zones périphériques des parties attaquées. Elle peut aussi "partir en vadrouille", à la recherche d'un site à sa convenance, ce qu'elle fait toujours d'un bon pas (ou plutôt d'une bonne patte ! ), car elle est très visible, et ses rondeurs ont de quoi satisfaire plus d'un prédateur.
 
Le cocon des "vadrouilleuses" est tissé en de multiples endroits, mais toujours en intégrant des particules du ou des matériaux environnants. A titre d'exemple la chenille peut opter pour la litière superficielle, le dessous d'une pierre, le pied d'une touffe d'herbe, une anfractuosité du sol, etc....
 
cocon de diapause hivernale détail de la structure du cocon cocon "définitif", avec chrysalide "in situ" 
de gauche à droite: 1)- cocon de diapause; 2)- détail de la surface; 3)- cocon "définitif" avec sa chrysalide.
 
 
.... et en APN !
 
cocon de Cossus, avec chrysalide (photo 1) cocon de Cossus, avec chrysalide (photo 2) cocon de Cossus, en vue interne. cocon de Cossus, détail partie interne.
exemples de cocons de Cossus
de gauche à droite: 1 & 2)- avec chrysalides "in situ": 3)- hors chrysalide;
4)- détail du revêtement soyeux interne, la partie externe du cocon étant constituée de copeaux de bois.
 
 
La chrysalide est apparemment classique, mais à l'instar de la Sésie apiforme (cf. page entomo) la partie dorsale des segments abdominaux est dotée de rangées de "spicules" (= petites excroissances pointues) qui favorisent une certaine mobilité de ce type de chrysalide. Le déplacement se fait par reptation, et au prix de maintes contorsions, ce qui permet à la chrysalide en question de gagner le trou de sortie, là où le papillon ne pourrait le faire, notamment en cas de cocon élaboré dans les profondeurs du bois. A noter que le cocon peut être construit sous l'écorce, là encore comme la Sésie précitée, et qu'à l'émergence la chrysalide vide reste bien souvent coincée dans le trou de sortie, et pointe typiquement à la surface de l'arbre nourricier (comme ci-dessous, paragraphe "détection").
 
chrysalides de Cossus (photo 1) chrysalides de Cossus (photo 2)
exemples de chrysalises du "Gâte-bois"
 
chrysalide de Cossus, en vue latérale chrysalide de Cossus en vue ventrale chrysalides de Cossus, détail des spicules dorsaux
à gauche: chrysalide de Cossus en vue latérale; au centre: idem en vue ventrale; à droite: détail des spicules. 
 
Détection
 
En cas d'attaques sévères, de très typiques agglomérats rougeâtres peuvent parfois se voir aux pieds des arbres. Constitués de sciure grossière, d'excréments, et de soie, ils dégagent une odeur non moins caractéristique de "vinasse", et plus précisément d'acide pyroligneux, autrement dit de vinaigre de bois. Sauf à mettre les narines dessus j'avoue ne pas l'avoir véritablement constaté, mais en matière de "nez" je suis loin d'être une référence !
 
 
attaque de Cossus (photo 1) attaque de Cossus (photo 2) écoulement de sciure produit par le  "travail" de la larve du cossus émergences typiques de Cossus (élevage)
de gauche à droite: 1 & 2)- exemples "in natura" d'écoulements de sciures, consécutifs à l'attaque du Cossus.
3)- écoulement de sciure, mais en élevage, sur rondin de bouleau. Dans le cas présent une seule chenille (bonne "bosseuse" ! ) est à l'oeuvre.
4)- illustration des chrysalides "à mi-corps", mode d'émergence fréquent chez le Cossus et la Sésie apiforme. Il s'agit là aussi d'un élevage.
 
On peut également tomber sur une chenille "vadrouilleuse", certaines préférant quitter l'arbre nourricier pour se nymphoser en terre. Il faut évidemment pas mal de chance, car pour les raisons précitées la "caterpillar" (comme disent les anglophones ! ), n'est pas du genre à traîner en route !
 
Traitements
 
Compte tenu de la biologie de cet insecte, et notamment du fait que la chenille évolue au sein même de l'arbre, il est très difficile, pour ne pas dire impossible, d'être efficace, y compris chimiquement. L'empirique fil de fer souple glissé dans les galeries a par ailleurs bien peu de chance de trouver une victime. Les arbres attaqués étant généralement malades ou vieillissants, il est en fait bien souvent préférable de les détruire, ce qui limitera beaucoup les risques de propagation.
 
Faute de mieux....
 
Quand la présence de la bête est détectée (comme ci-dessus), il est parfois possible de limiter les dégâts, et en quelque sorte de reculer l'échéance. Il suffit souvent d'un peu dégager la base de l'arbre, et le départ des racines, pour apercevoir des galeries plus ou moins superficielles...et "garnies". Par delà ce premier constat (et les premières "éliminations" !), il faut rechercher les zones où l'écorce "sonne le creux", et une fois cette dernière enlevée on débusque souvent bon nombre de chenilles de toutes tailles, et donc de tous âges.
 
Les bestioles n' étant pas habituées à se retrouver à découvert,, il s'ensuit un effet de surprise évidemment favorable .... mais mieux vaut trucider ou extirper promptement !. Bien entendu un traitement insecticide local ne nuit pas, histoire de parfaire l'ouvrage, mais dites vous bien qu'il en est de ces chenilles comme des rats: pour une de tuée, dix restent à l'oeuvre !
 
En guise de conclusion : bizarre ... vous avez dit bizarre !
 
L'élevage des insectes requerrant un minimum de chaleur et d'humidité, l'éleveur est souvent confronté au problème des moisissures, lesquelles peuvent s'avérer d'autant plus préjudiciables (voire fatales!), qu'elles sont souvent difficiles à juguler, et plus encore à éliminer.
 
Avec le Cossus, qui entre parenthèses s'élève fort bien sur des pommes, vous ne verrez jamais la moindre trace de moisi, y compris en enceinte très confinée. Ce qui n'est pas consommé pourrit, au point même de devenir quasi déliquescent, mais rien ne "champignonne", le Cossus secrétant ce qui pourrait s'apparenter à un antifongique.
 
Il m'intéresserait d'ailleurs d'en mieux connaître le processus, et si un visiteur est au fait de la question, merci à lui de m'en informer !
 
 
Pour info .... la Zeuzère !
(Zeuzera pyrina)
 
En l'attente d'une possible "page entomo" spécifique je vous invite à découvrir un autre Cossidae, à savoir Zeuzera pyrina, communément appelée la Zeuzère du poirier, ou encore la "Coquette" eu égard à l'ornementation de sa livrée et de ses antennes.
 
L'adulte est nocturne, très répandu, et il vole de juillet à septembre. Il se rencontre quasiment partout, y compris dans les parcs et jardins, et plus encore dans les vergers où la chenille peut causer de gros dégâts. Elle est en effet xylophage comme celle du Cossus, et par-delà pommiers et poiriers, ses préférés, elle s'attaque à plus de 150 espèces d'arbres et d' arbustes, y compris ornementaux. Autant dire que ce n'est pas un cadeau, et que son originalité, et sa joliesse, n'enlèvent rien à sa nuisibilité.
 
Zeuzera pyrina (Zeuzère du poirier): adulte  Zeuzera pyrina (Zeuzère du poirier): adulte Zeuzera pyrina (Zeuzère du poirier)à poignée
Exemples de Zeuzères du poirier (Zeuzera pyrina)
L'image de droite témoigne d'un gros "coup de bol", car en une seule nuit plus de soixante Zeuzères ont été "cueillies" à l'émergence, grâce à mon piège lumineux. Le pire a donc été évité, car je vous laisse imaginer l'ampleur des dégâts, si ces redoutables bestioles n'avaient été "interceptées" à temps. J'ajouterais que cette étonnante récolte a fait le bonheur des oiseaux, et que la mort de mes lilas n'est sans doute pas imputable à la seule sécheresse. 
 
 
femelle de Zeuzère ovipositeur sorti détail d'ovipositeur de Zeuzère femelle de zeuzère à pondre ponte partielle de Zeuzère
de gauche à droite: 1)- femelle de Zeuzère "faisant le mort", avec ovipositeur sorti; 2)- détail de l'ovipositeur ( = oviscapte ), organe de ponte permettant de très précisément déposer les oeufs (dans les anfractuosités de l'écorce par exemple; 3)- femelle à pondre; 4)- oeufs de Zeuzera pyrina. Vous noterez qu'il s'agit d'une ponte partielle, la "totale" pouvant excéder le millier d'oeufs.
 
chenille de Zeuzère en pré-nymphose chrysalide de Zeuzère
chenille de Zeuzère, et sa chrysalide.
(clichés dus au talent et à l'amabilité de Daniel Cattelain)
 
 
FIN
 
les pages entomologiques d' andré lequet : http://www.insectes-net.fr