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LES BOUSIERS !
(Coléoptères Scarabaeidae)
 
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vache, dessin
 Intro !
 
Le jeu de mots est certes facile mais avec les bousiers il est évident qu'une entrée en matière s'impose. A cet effet je propose une petite anecdote qui illustre parfaitement l' intérêt écologique de ces insectes. Vous verrez qu'elle permet également d'entrer de plain-pied dans le vif du sujet (à l'occasion préférez le gauche!), et qu'elle donne enfin matière à réflexion, ce qui évidemment va de soi !
 

C'était il y a bien longtemps, mais ce pourrait être aujourd'hui ....

C'était en Vendée, mais ce pourrait être ailleurs ....

Nous étions dans les premiers jours de juillet, et filets en mains un ami et moi-même attendions le crépuscule et la sortie du fameux hanneton foulon (Polyphylla fullo). L'heure était tardive, la plage totalement désertée, et nous arpentions la dune en glanant ça et là quelques menus insectes, histoire de réfréner notre impatience ....

C'est alors que j'attrape au vol un Géotrupe (gros bousier) d'une espèce habituellement peu fréquente. De suite notre attention s'est évidemment portée au plus près de la plage, là où nous savions trouver ce qu'il est convenu d'appeler des "étrons". Faute d'installations adéquates ils étaient effectivement nombreux et ponctuaient classiquement les endroits permettant un relatif isolement, en l'occurrence les massifs d'oyats et les petites cuvettes au revers de la dune bordant la plage ...

Le spectacle, si je puis dire, était assez cocasse et surtout très révélateur. De fait, là où nos bousiers œuvraient de concert, à moins que ce ne soit concurremment, les étrons en question oscillaient en tous sens, preuve patente d'une intense activité sous-jacente ....

Rejeté latéralement le sable ourlait progressivement l'excrément, et ces déblais retombaient d'eux mêmes sur une "chose" qui s'enfonçait littéralement à vue d'oeil, pour finalement disparaître et laisser place nette ....

Dès lors on aurait pu croire l'ouvrage terminé, mais pour nos bousiers il ne faisait que commencer, car là, sous le sable, ils allaient devoir s'employer à nidifier et ainsi perpétuer l'espèce ....

Pour clore cet édifiant exemple je vous laisse imaginer l'afflux estival des vacanciers, mais aussi le degré de pollution olfactive et visuelle qui s'en suivrait si ces insectes n'étaient pas là pour éliminer .... ce que nous mêmes éliminons !

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Nous allons maintenant faire plus ample connaissance avec les bousiers,
mais vu l'étendue et la complexité du sujet je me limiterais censément à un simple survol,
autrement dit aux espèces et mœurs les plus représentatives.
 
Généralités:
 
Les bousiers relèvent de la Famille des Scarabaeidae, représentée en France par près de 250 espèces. Par-delà des biologies variées, toutes ces espèces portent typiquement des antennes lamellées, à la manière d'un éventail, d'où le nom de "lamellicornes" qui leur est parfois donné. Comme leur nom le laisse présager, les bousiers sont étroitement liés aux excréments, d'où leur qualification de coprophages.
 
Les bousiers sont largement répandus et de très nombreuses espèces sont connues de par le monde. Leur taille peut dépasser 50 mm, mais beaucoup n'excèdent pas le cm. La coloration est souvent assez terne, voire carrément noire, mais certaines espèces exotiques sont parées de couleurs métalliques éclatantes. Le plus connu des bousiers, au moins de nom, est le très symbolique scarabée sacré des Égyptiens (*), autrement dit le Scarabaeus sacer des entomologistes ( une "page entomo lui est entièrement consacrée ! )
 
(*) Dans l'Egypte antique c'était le symbole des forces de la création, de la fécondité, et de la résurrection. La partie antérieure de la tête, qui est en demi-cercle et dentelée, représentait le soleil, et la boule d'excréments que l'insecte roule figurait la Terre qu'il était censé rouler de l'aube au crépuscule. La boule, selon la croyance, restait enterrée 29 jours, et le trentième elle était jetée dans le Nil où elle donnait naissance à un nouveau scarabée. 
 
bousiers exotiques (phanaeus)
Exemple de bousiers exotiques de type Phanaeus.
Ce sont généralement de gros insectes, voir de très gros,
et certaines espèces ont des tendances nécrophages.
 
Bien entendu les bousiers s'intéressent ... aux bouses ! ... mais aussi à toutes sortes d' excréments ! De nombreuses espèces sont nettement opportunistes, là où d'autres sont plus ou moins sélectives, voire franchement spécialisées. Au final on peut dire que tout excrément trouve preneur, depuis les crottes de lapins ou de chiens, en passant par celles des moutons ou des cervidés. Reste que bouses et crottins sont en quelque sorte plébiscités par de très nombreuses espèces et que par ailleurs l'excrément humain a lui aussi ses adeptes comme nous l'avons vu précédemment. La répartition des bousiers est évidemment tributaire des exigences écologiques propres à chaque espèce, et si certains sont très largement répandus, d'autres sont au contraire nettement plus localisés.
 
 
Géotrupe stercoraire (Geotrupes stercorosus), photo 1. Géotrupes stercorarire (Geotrupes stercorosus): à poignée Géotrupe stercoraire (Geotrupes stercorosus, photo 2
Le Géotrupe stercoraire (Geotrupes stercorosus)
Parfois qualifié de "sylvestre" (Geotrupes sylvestris = Geotrupes sylvaticus), ce bousier est très commun en forêt.
Nettement plus éclectique que ses confrères, il n'est pas rare de le voir attablé sur des champignons plus ou moins "avancés".
 
Bon nombre d'espèces sont nocturnes ou crépusculaires ... et non moins sont diurnes ! Les bousiers étant des insectes fouisseurs ils sont en quelque sorte outillés en conséquence (tibias armés de très fortes pointes, excavation du thorax permettant un effet de bulldozer, chaperon céphalique (souvent dentelé) faisant office de pelle et de grattoir, etc...). Signalons au passage que d'autres insectes, et notamment des Diptères tels que les Scatophaga, exploitent également les excréments. Ces mouches, au demeurant spécialisées, sont d'ailleurs les premières arrivées sur une bouse ou un crottin fraîchement expulsé, alors que nos bousiers prèfèrent un produit quelque peu "croûté", la maturation idéale se situant entre 12 et 48 h.
 
le "bousier-stop" !

Comme les nécrophores, les bousiers sont connus pour être très fréquemment porteurs de nombreux acariens Gamasidae dits "phorétiques". En d'autres termes ces acariens (Gamasus crassipes notamment) font simplement du stop, et se nourrissent au gré des déplacements des divers "transporteurs" empruntés. Il ne vivent donc pas aux dépens de ces derniers, et par le fait ne sont pas des parasites au sens strict. Quand les "passagers" sont très nombreux la gêne induite peut s'avérer bien réelle, voire importante ... et ce n'est pas le nécrophore ci-dessous qui dira le contraire ! ... ni celui de cette vidéo !

 
Acariens phorétiques (Gamasidae) sur bousier. Acariens phorétiques (Gamasidae) Acariens phorétiques (Gamasidae), détail.
"Auto-stop" sur bousier (Géotrupe) ! ... là encore la Nature a devancé l'homme !
 
acariens (Gamasidae) sur nécrophore, photo 1. acariens (Gamasidae) sur nécrophore, photo 2. surcharge humaine.
  ... avec cas extrême sur nécrophore ... et son très démonstratif pendant humain !!!
 
Biologie
 
Pour les raisons précédemment évoquées, je me contenterais d'une simple approche iconographique. Au travers d'espèces françaises représentatives, elle permettra néanmoins de faire état des principales techniques d'exploitation d'un excrément type, tel que bouse ou crottin.
 
1)- Les "Endocoprides"
 
Sont ainsi dénommées les espèces qui vivent et se reproduisent au sein même de l'excrément. Ce sont principalement des Aphodius, insectes de petite taille (maxi de l'ordre du cm), au corps assez allongé et au faciès très constant. Les espèces sont très nombreuses et c'est parmi elles que l'on trouve le plus de "spécialistes".
 
exemples .... aphodius divers d' Aphodius !
 
 
Le développement de l'Aphodius fossor
( Cette bestiole "squattait" une bouse, mais un beau crottin n'est pas pour lui déplaire ! )
 
Aphodius fossor, détail de la larve Aphodius fossor, larves âgées en main Aphodius fossor, larves âgées Aphodius fossor, tête de la larve Aphodius fossor, logettes nymphales
Larves à terme (ensemble et détails).
à droite : exemples de logettes nymphales.
(elles sont bien sûr confectionnées par les larves, au sein même de l'excrément, par agglomération des fibres végétales résiduelles).
 
 
Aphodius fossor, nymphes Aphodius fossor, nymphes (jeune et âgée) Aphodius fossor, nymphe dans sa loge Aphodius fossor venant d'éclore (en loge) Aphodius fossor en cours de maturation, dans sa loge
de gauche à droite: 1)-groupe de nymphes; 2)- duo de nymphes : l'une "jeune" (non encore pigmentée), et l'autre "âgée", prête à éclore.
3)- nymphe dans sa logette; 4)- adulte venant d'éclore; 5)- le même en cours de maturation (coloration et durcissement de la carapace.
 
 
... et au terme de leur développement .... Aphodius fossor, adultes matures ... prêts à vivre leur vie de bousiers !
Vous noterez que la forme nominative de l' Aphodius fossor est noire,
mais que des individus plus ou moins rougeâtres (forme individuelle silvaticus) peuvent se rencontrer ça et là, surtout dans le Nord.
 
 
 
les pages entomologiques d' andré lequet : http://www.insectes-net.fr