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l'APOLLON (Parnassius apollo) !
(Lépidoptère Papilionidae)
 
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Intro !

Du mont Parnasse il est le Dieu ... et de nos montagnes le roi ! 
Vous l'aurez compris, cet Apollon ailé est un véritable concentré de beauté, mythologie, géographie ...
... originalités en prime !
 
Présentation !

L'Apollon fait partie de la Famille des Papilionidae (9 espèces en France) et ses 75 mm d'envergure en font un de nos plus grands papillons diurnes. Bien qu'il puisse se rencontrer à basse altitude, notamment dans les régions les plus septentrionales de son aire, l'Apollon est avant tout un "Euro-montagnard" puisque dans la partie orientale de son aire il atteint les monts du Caucase via ceux des Carpathes. En France il est très présent dans les Pyrénées et les Alpes où il évolue le plus souvent entre1000 et 2000 m, tout en pouvant "tutoyer" les 2500 m. Il a disparu des Vosges, et est en passe de subir le même sort dans le Jura et surtout le Massif Central où ses populations ne cessent de se "ponctualiser" et de régresser.

Ce papillon est un hôte des prairies alpines, et plus encore des versants rocailleux bien exposés où croissent ses plantes nourricières que sont les Orpins et Joubardes. Suivant l'altitude et les contingences météorologiques il vole de Juin à Juillet, parfois au-delà, mais toujours dans le cadre d'une seule génération annuelle. Compte tenu de sa vaste répartition géographique, et du morcellement de ses populations, l'Apollon présente de très nombreuses "sous-espèces", sortes de races locales plus ou moins tranchées où se complaisent les initiés ... et se perdent les profanes ! Vous noterez qu'en France l'espèce est protégée, et qu'elle l'est également en Suisse et dans les Etats membres de l'Union européenne.

 
Apollon (Parnassius apollo), adulte, photo 1. Apollon (Parnassius apollo), adulte, photo 2. Apollon (Parnassius apollo), adulte en main, photo 1. Apollon (Parnassius apollo), adulte en main, photo 2.
 ... en attendant mieux ... avec 2 séquences vidéo "butinages en main" pour vous faire patienter !
1er butinage ! puis seconde séquence !
(Nota: la seconde séquence est plus étonnante et spectaculaire, car vraiment "en main" ... et même au ceux de la main !)

L'Apollon affectionne les grands espaces bien ensoleillés où la nonchalante majesté de son vol peut superbement s'exprimer, et aisément s'observer ... sous l'expresse réserve que le soleil soit de la partie. Aussi surprenant que cela puisse paraître, l'Apollon est en effet connu pour littéralement "décrocher", et se poser illico sitôt qu'un nuage a l'outrecuidance de venir obscurcir son ciel, ou tout simplement ombrager son domaine. Cette peu banale frilosité serait due à la couleur dominante de sa livrée, le blanc étant en effet plus apte à réfléchir la chaleur qu'à l'absorber. A contrario, et à titre comparatif, vous noterez que les Erebia (une trentaine d'espèces en France), papillons montagnards s'il en est, sont tous très sombrement vêtus (du marron foncé au noir), d'où une excellente captation de la chaleur ... ceci expliquant cela ... ou étant censé le faire !

 
"Portraits" ... Apollon (Parnassius apollo), adulte,  gros plan, photo 1. Apollon (Parnassius apollo), adulte,  gros plan, photo 2 Apollon (Parnassius apollo), adulte,  gros plan, photo 3 ... pour le fun !
 
 
Dimorphisme sexuel et accouplement !

Les femelles sont généralement un peu plus grandes, et cela vaut pour toutes les espèces de papillons, mais bien sûr il y en a aussi des petites ... comme chez les humains ! Par contre, et là c'est la règle, les ailes sont nettement moins "écailleuses", et donc plus transparentes, particularité parfaitement mise en évidence sur fond noir. Vous noterez la similitude du dimorphisme avec le Gazé (Aporia crataegi), alors que ce dernier relève des Pieridae, Famille bien différente des Papilionidae. Reste à savoir si cette convergence est le fruit du hasard ...ou pas ! ... et si cette réduction des écailles a sa raison d'être ... ou pas !

L'accouplement, en quelque sorte "parnassien", est là encore pour le moins original. S'il commence on ne peut plus classiquement, la fin l'est en effet beaucoup moins puisque les parties génitales de la belle se retrouvent littéralement cadenassées sur le mode "ceinture de chasteté". Le sphragis, puisque tel est son nom, a la forme d'une sorte de sabot ( aussi efficace que celui bien connu des automobilistes ! ) et il est secrété par le mâle lors d'un accouplement certes prolongé, mais unique ... du moins pour la femelle ! Le mâle peut en effet s'accoupler avec plusieurs partenaires, mais faute de "matière première" suffisante les sphragis se font plus petits et plus longs à élaborer. Pour finir, cerise sur le gâteau, nul ne connaît la raison d'être de cet étonnant "verrouillage génital" ... à connotation moyenâgeuse !

 
P. apollo ! Apollon (Parnassius apollo), couple (collection) ..........le Gazé (Aporia crataegi), couple (collection). A. crataegi !
Convergence du dimorphisme ... à titre comparatif !
à gauche: l'Apollon (Parnassius apollo); à droite: le Gazé (Aporia crataegi)
Chez ces 2 espèces l'écaillure des femelles est réduite, d'où une relative transparence des ailes, notamment des antérieures.
 
 
Apollon (Parnassius apollo), abdomen de femelle vierge, photo 1. Apollon (Parnassius apollo), abdomen de femelle vierge, photo 2 ........ Apollon (Parnassius apollo), abdomen de femelle avec sphragis. .........Apollon (Parnassius apollo), extrémité abdominale de femelle en appel, photo 1. Apollon (Parnassius apollo), extrémité abdominale de femelle en appel, photo 2.
 à gauche: un abdomen prometteur ! au centre: le fameux sphragis "parnassien", typique des femelles fécondées.
à droite: orifice génital d'une femelle en "appel" sexuel.
 
Pour info ... ne pas confondre !

Comme vous le verrez sur l'agrandissement de la photo ci-dessous, le Petit Apollon (Parnassius phoebus) est le véritable "modèle réduit" du grand. La différence est également géographique, le premier étant propre aux Alpes, là où le second occupe tous nos massifs montagneux, ou plutôt les occupait (cf. la présentation). Avec le Semi-Apollon (Parnassius mnemosyne) point de confusion possible tant il diffère des précédents. Egalement montagnarde, cette dernière espèce est surtout présente dans les Alpes et les Pyrénées, et plus ponctuellement dans le Massif Central.

Le trio des Apollons ... Apollon (Parnassius apollo), comparaison avec Parnassius phoebus, et Parnassius mnemosyne. ... bien de chez nous !
en haut : l'Apollon (Parnassius apollo).
à gauche: le Petit Apollon (Parnassius phoebus); à droite: le Semi-Apollon (Parnassius mnemosyne)
 
 
La ponte ... les oeufs !

Contrairement aux espèces qui déposent leurs oeufs sur la plante nourricière, l'Apollon sème ses "graines" à proximité, pour ne pas dire "au p'tit bonheur la chance", charge aux chenillettes de trouver leur pitance, et notamment les appréciés sédums (tel Sedum album). C'est "fait pour" me direz-vous, et de plus les sédums ne sont pas rares, mais à l'échelle des minuscules larvules (moins de 3 mm ! ) cette aventureuse quête alimentaire n'est pas sinécure, d'autant qu'il faut compter avec les intempéries et la prédation.

Comme si cela ne suffisait pas, les oeufs sont pondus en été, et bien que rapidement formées les chenillettes vont devoir hiverner en leur sein, pour finalement éclore au printemps suivant, soit près de 8 mois plus tard. La "casse" est bien sûr inéluctable, mais dans la mesure où elle fait partie des aléas de la vie, et des risques du métier d'Apollon, Dame Nature a prévu un nombre d'oeufs suffisamment conséquent pour compenser les pertes. A titre indicatif, et pour une durée de vie de 3 semaines à 1 mois, la ponte est de l'ordre de 150 à 200 oeufs, les grosses femelles pouvant atteindre les 300 unités si ce n'est plus.

 
Apollon (Parnassius apollo), oeufs, photo 1. Apollon (Parnassius apollo), oeufs, photo 2.
Oeufs d'Apollon ( au plus 1,5 mm ! ) ... pour une fois en bonne place !
 
 
La chenille !

Longue de 5 cm, noire, veloutée, l'avant quasi indiscernable de l'arrière, et le tout dorsalement orné de 2 lignes de ponctuations le plus souvent ocracées, mais parfois jaunes ... telle se présente la chenille de l'Apollon ! Lorsqu'elle est dérangée, ou simplement inquiétée, la chenille s'enroule instantanément sur elle-même et se laisse choir dans la végétation ou les "caillasses" sous-jacentes. En cas d'attaque caractérisée elle fait saillir son "osméterium" (ci-dessous à droite) organe bifide qualifié de répugnatoir en raison de son odeur désagréable, laquelle est censée dissuader l'agresseur. Vous noterez que les chenilles des Parnassius phoebus et mnemosyne sont pareillement vêtues ... et "armées" !

Les chenilles de l'Apollon se nourrissent par beau temps sur les Orpins (= sédums), joubardes, saxifrages, le reste du temps se passant cachées sous les pierres. Toujours par beau temps ces mêmes pierres sont appréciées pour s'adonner à des "bains de soleil" prolongés, tout en profitant de la chaleur emmagasinée par le minéral. Contrairement à la majorité des chenilles, par définition boulimiques, celles de l'Apollon donnent l'impression de "chipoter", de vivre au ralenti, et à la limite de préférer les plaisirs de la sieste à ceux de la table.

Par-delà ces considérations, et quelle que soit l'espèce, la durée du développement des chenilles est largement tributaire de la météo, et notamment de la température. A cela s'ajoute l'incidence de l'amplitude altudinale chez les espèces montagnardes, telle l'Apollon, qui, je le rappelle, peut se rencontrer de1000 à 2000 m, voire 2500 m dans les Alpes. Schématiquement la durée moyenne du développement larvaire est de l'ordre du mois et demi, avec bouclage en Juin, mais encore une fois l'échelonnement est de règle, comme il l'est pour les adultes. Peu mobile, et se laissant tomber à la moindre alerte, cette chenille s'avère assez peu attrayante en élevage d'autant que sa stricte "robe" noire reste globalement inchangée tout au long de son développement.

 
Apollon (Parnassius apollo),  chenille à terme, photo 1. Apollon (Parnassius apollo),  chenille à terme, photo 2. Apollon (Parnassius apollo),  chenille à terme typiquement enroulée. Apollon (Parnassius apollo),  chenille à terme en main. Apollon (Parnassius apollo), chenille, détail de l'osmeterium. 
Exemples de chenilles à terme !
au centre: pratiqué dès la naissance par de nombreuses espèces de chenilles, l'enroulement et la chute volontaire qui s'ensuit, constituent une excellente technique défensive; à droite: la chenille étant sans doute trop "domestiquée", vous noterez que son osméterium n'est qu'à moitié dévaginé, d'où une dissuasion ... peu convaincante !
  
 
 
les pages entomologiques d' andré lequet : http://www.insectes-net.fr